Economie / Société
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Économie africaine: État des lieux et perspectives, selon la Banque Africaine de Développement. 07/02/2019
Cette année, la Banque africaine de développement (BAD)
s’est penchée sur les perspectives économiques en Afrique. Elle axe sa nouvelle étude autour
de trois volets, à savoir la croissance et les défis financiers et monétaires
de l’intégration, la création d’emplois, les enjeux économiques de
l’intégration en Afrique.
Dans son rapport,
la BAD livre également ses recommandations et les réformes qui peuvent
constituer une solution aux problèmes économiques du continent.
Selon la
BAD, le surendettement ne constitue pas de danger sur le plan continental, bien
que plusieurs pays africains soient déjà exposés à une crise d’endettement,
notamment la Tunisie dont la dette publique avoisine les 80 milliards de
dinars.
Ainsi, plusieurs pays africains montrent une
amélioration budgétaire selon le rapport, laissant place à une croissance
globale projetée croissance de 4% en 2019, et 4,1% en 2020, une évolution
encourageante selon la BAD.
40% de cette croissance, soit 1,6 point, devrait
être assurée par l’Afrique du Nord, qui selon le rapport reste erratique en
raison de l’instabilité en Libye. les Les perspectives demeurent donc très
incertaines et dépendent du retour à la stabilité politique.
Quand à la Tunisie, l’économie se rétablit
progressivement selon la BAD, notamment grâce au tourisme, ”à la
production manufacturière, et une politique budgétaire plus expansionniste.”
En ce qui concerne la politique monétaire des
pays africains, certains ont vu leurs taux de change stabilisés après la
diminution des pressions inflationnistes. Mais ce n’est pas le cas de la
Tunisie et l’Egypte, dont la situation reste selon la BAD tendue, et plus
restrictive dans certains cas pour contenir l’inflation grandissante.
Mais la croissance économique n’a pas profité à
la création d’emplois. Pour stimuler le marché du travail, Il faudra selon la
BAD des politiques économiques facilitant la mobilité de la main d’oeuvre
pourraient, accompagnées d’un environnement concurrentiel solide dans le
secteur privé.
Et pour créer de l’emploi qualité, la BAD
recommande de diversifier les produits en développant un secteur manufacturier
solide.
Un corrélation a ainsi été faite entre le
secteur informel et le taux de chômage, établissant que l’informalité est plus
élevée dans les pays à faible revenu et le chômage plus élevé dans les pays à
revenu intermédiaire.
D’après le graphique ci-après, la Tunisie se
retrouve avec un taux de chômage dans la moyenne africaine, avec une faible
activité informelle comparée au reste des pays du continent.
L’augmentation du PIB par habitant observée au cours de ces épisodes
contribue à expliquer la dynamique de l’amélioration à long terme du niveau de
vie et de la création d’emplois
Pour les pays côtiers comme la Tunisie, la Banque africaine de
développement recommande d’investir dans les ports en agrandissants les
installations portuaires, qui assurent stockage, douanes, services de
chargement et déchargement, et ce pour minimiser les coûts et se rapprocher de
la norme mondiale, tout en veillant à réduire au maximum les retards,
principaux facteurs des pertes.
Il faut également améliorer la fiabilité des réseaux ferroviaires et routiers,
dont l’état et le manque de fluidité provoquent des retards économiquement
lourds.
Pour la BAD, plusieurs pays africains importateurs de pétrole, y compris la
Tunisie, doivent réduire la charge budgétaire énorme que constitue les
subventions énergétiques, bien que la Tunisie, l’Égypte, le Maroc, le Bénin, et
le Togo les aient relativement réduites en pourcentage du PIB.
BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT
La prospérité économique du continent africain doit absolument passer par
la suppression des frontières commerciales, et favoriser le libre échange entre
les nations africaines. L’intégration est selon la banque indispensable pour le
“fondement d’un marché continental concurrentiel qui pourrait devenir un centre
d’affaires au plan international”. Les petites et moyennes entreprises auront
de meilleures opportunités agricoles et industrielles, dans un marché largement
plus important.
“Une gouvernance régionale avec un organe régional ayant une réelle
autorité sur les États membres pour fournir des biens publics régionaux” et
selon la BAD nécessaire pour mener des actions conjointes des différents
gouvernements africains.
Pour la BAD, Il faut également tirer parti de l’Accord sur la facilitation
des échanges de l’Office Mondial du Commerce (OMC), en améliorant la politique
douanière, dans le but de “développer les chaînes d’approvisionnement
transfrontalières.”
Toujours dans le cadre de l’intégration, la BAD recommande l’ouverture des
frontières à la libre circulation des personnes, en ratifiant et en mettant en
oeuvre le Passeport de l’Union africaine. A l’image du Mozambique, les pays
africains devraient selon la BAD ouvrir leurs espaces aériens aux transporteurs
étrangers.
La politique du ciel ouvert (Open sky) devrait booster l’économie de
plusieurs pays, dont la Tunisie, et s’inspirer du modèle marocain qui, avec une
baisse des tarifs aériens et l’ouverture de nouvelles routes aériennes, a
augmenté de moitié le nombre de sièges offerts.
Selon le rapport, le PIB tunisien devrait poursuivre sa croissance amorcée
en 2017. cette croissance sera portée par le secteur agricole et les services
marchands. L’investissement et les exportations seront selon la BAD les principaux
moteurs de croissance de l’économie tunisienne.
2019 et 2020 devraient voir un recul du déficit budgétaire et du déficit du
compte courant, mais la masse salariale importante ralentira le rythme de cette
décrue.
A moyen terme, les principaux défis pour la Tunisie seront la lutte contre
le chômage et la limitation des disparités régionales, qui suppose un “réexamen
du modèle de développement et l’accélération des réformes structurelles”.
L’Etat devrait selon la BAD intervenir de façon plus profonde dans
l’économie du pays et revoir la dépense publique, qui doit se concentrer sur
les dépenses d’investissement et non sur les dépenses courantes.
La Tunisie doit exploiter et consolider les atouts dont elle bénéficie,
notamment sa position géographique qui lui confère une proximité avec l’Europe,
ainsi que son potentiel agricole et agroalimentaire. Quant à ses capacités
industrielles, la Tunisie doit entamer une montée en gamme pour réellement
impacter l’économie.
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