Avec la perte de l’immunité de Joseph Kabila, le crépuscule de l’impunité ?
Un tournant historique s’annonce sur l’échiquier politique congolais. L’ancien président Joseph Kabila, sénateur à vie après son retrait du pouvoir en 2019, vient de voir son immunité parlementaire levée par le Sénat ce mercredi, lors d’une session extraordinaire sous haute tension.
La décision, adoptée à la majorité des voix, marque un basculement inédit dans l’histoire contemporaine de la République Démocratique du Congo. Joseph Kabila, qui a dirigé le pays pendant dix-huit ans, pourrait être désormais poursuivi par la justice congolaise. Une éventualité longtemps jugée impensable au regard de son influence politique et de son réseau au sein des institutions.
Un vote sous haute surveillance
Dans une atmosphère tendue, les sénateurs ont procédé à un vote à bulletin secret, sur requête du parquet général près la Cour de cassation, qui a émis des « soupçons graves » concernant de possibles faits de corruption, détournement de fonds publics et enrichissement illicite durant ses mandats présidentiels. La levée de l’immunité ouvre la voie à une enquête judiciaire approfondie. Si aucun acte d’accusation n’a encore été officiellement déposé, les signaux envoyés par la justice et relayés par les médias locaux laissent entrevoir une série d’auditions imminentes. Joseph Kabila, jusqu’alors intouchable, pourrait être convoqué par les juges dans les jours à venir.
La fin d’un tabou politique ?
Cette décision relance le débat sur l’impunité des anciens dirigeants en Afrique centrale. Elle intervient dans un contexte de renforcement de l’État de droit prôné par l’actuel président Félix Tshisekedi, qui tente de se démarquer de son prédécesseur et de rassurer la communauté internationale sur sa volonté de lutter contre la corruption. Pour les partisans de Kabila, cette mesure serait un « règlement de comptes politique », voire « une tentative de diversion » à quelques mois d’échéances électorales sensibles. Dans le camp du pouvoir, on parle plutôt d’un « acte historique de justice » et d’un « signal fort » envoyé à toute la classe dirigeante.
Quelle suite judiciaire ?
Il reste désormais à savoir si cette levée d’immunité débouchera sur une procédure judiciaire sérieuse, ou s’enlisera-t-elle dans les méandres d’un système judiciaire souvent critiqué pour son manque d’indépendance. En attendant, l’opinion congolaise retient son souffle. Le mythe de l’intouchabilité de Joseph Kabila vacille. Et avec lui, c’est peut-être toute une page de l’histoire politique congolaise qui se tourne.
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