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Environnement 16, Sep 2019 4 ans 2028 0 1 0

Nord TOGO: Les habitants de Gbentchal exposés à des maladies hydriques

Dans un rapport publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en janvier 2019, chaque année, plus de 842 000 personnes meurent de plusieurs maladies hydriques dont la diarrhée, à cause de l’insalubrité de l’eau qu’ils boivent, du manque d’assainissement et d’hygiène.

Face à ce problème, l’organisation du système des Nations Unies, en tant qu’autorité internationale pour la santé publique et la qualité de l’eau, dirige les efforts mondiaux pour éviter la transmission des maladies d’origine hydrique et conseille les gouvernements en matière de réglementation et d’objectifs sanitaires.

Nous sommes dans la préfecture de Kpendjal, plus précisément dans le village de Gbentchal situé  au Nord du Togo. Il est un peu plus de 17h30, les derniers rayons du soleil disparaissent peu à peu derrière les cases en bancos, aux toits pointus, couverts de pailles. On aperçoit au loin de petits enfants; écoliers pour la plupart revenant de l’École Primaire et Publique, envahir les rues du village. Ils rentrent chez eux en courant. Leurs pieds nus soulèvent de la poussière.

Laré yamoulim Esther  est parmi eux. Jeune élève en classe de première, elle frôle au quotidien la mort à cause de l’eau infecte qui étanche sa soif. À peine dix-sept  ans, forme svelte, cheveux coupés courts, elle porte son sac d’écolier en bandoulière. À la voir presser les pas pour vite regagner sa maison, l’on ne saurait pas qu’elle souffre. Pourtant, Laré dont les yeux candides, cils et sourcils abondants nous épient de temps en temps, a souffert plusieurs fois de diarrhée qui l’avait empêchée d’aller à l’école pendant plus de deux (2) semaines.

«J’ai souffert plusieurs fois de diarrhée et d’autres maux dus à la  contamination et au manque d’assainissement de l’eau que nous utilisons. Le pire, c’est qu’il n’existe pas encore de centre de santé pour nous soigner. Aucune mesure de traitement des eaux n’existe non plus.» , raconte t-elle.

 «Cette eau contaminée, qui  manque d’assainissement, provient des fois du  fleuve Ôti qui est à 25 km de notre maison et parfois de puits abandonnés.» précise-t-elle en nous montrant de son index droit un vieux puits au loin. Nous nous rapprochons d’avantage pour mieux regarder ce qui s’y trouve. Le puits est abandonné et sert désormais de poubelle où les villageois viennent jeter des déchets ménagers par moment.

 

Son grand Père le regard vide, fit un long soupir et lâcha «  La situation est telle que nos maux de diarrhée sont intempestifs et nous avons régulièrement des infections cutanées. »

L’absence des mesures de traitement  qui s’allient à la mauvaise pratique de l’hygiène contribuent énormément  à la contamination de l’eau dans les milieux reculés du pays, à en croire Kwoami DOVI, Chef de division du contrôle et d’inspection sanitaire au Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique du Togo (MSHP)

« Les réservoirs de conservation, les canaris et les jarres qui ne sont pas entretenus régulièrement dans les dites localités, constituent un milieu de culture pour les microbes. Des fois, c’est le transport de l’eau qui est fait de manière non-hygiénique. Les bidons avec lesquels,  l’eau est puisée  font des fois , des années sans être lavés par les populations rurales. Vous prenez ces bidons sales,  vous allez ramener de l’eau sale. Et  des fois même c’est   le transport de l’eau en question et cela apporte  toutes les maladies que vous connaissez.  », indique t-il.

La diarrhée est la maladie la plus connue associée aux aliments et à l’eau contaminée, mais elle n’est pas la seule. Par exemple, quelque 240 millions de personnes souffre de schistosomiase, une maladie aiguë et chronique due à des vers parasites absorbés en consommant de l’eau infestée. Et les habitants de Gbentchal en souffrent à cause de l’eau qu’ils boivent.

Pour l’Action de Soutien à l’Enfance Démunie (ASED), la consommation d’eau contaminée causant des diarrhées, tue un enfant de moins de 5 ans toutes les 20 secondes en Afrique Subsaharienne.

La conjonction de bactéries, d’eaux usées et de produits chimiques et plastiques peut extirper l’oxygène de l’approvisionnement en eau et transformer l’eau en poison pour les êtres humains et les écosystèmes, indique une étude  dans un rapport publié par la Banque mondiale fin août dernier sous le titre Quality Unknown : The Invisible Water Crisis (Qualité inconnue : l’invisible crise de l’eau)

D’autres problèmes évoqués par cette étude sont la demande biochimique en oxygène, mesure de la quantité de pollution organique qui se trouve dans l’eau et mesure indirecte de la qualité globale de l’eau dépasse un certain seuil, la croissance du PIB des régions situées en aval subit une baisse pouvant atteindre un tiers en raison des répercussions sur la santé, l’agriculture et les écosystèmes.

  David Malpass, le président du Groupe de la Banque mondiale fait le lien entre cette situation et celle de l’économie des pays en affirmant que : « l’eau propre est un facteur essentiel de croissance économique. »

Et de préciser: « La détérioration de la qualité de l’eau entrave la croissance économique, aggrave les problèmes sanitaires, réduit la production de denrées alimentaires et exacerbe la pauvreté dans de nombreux pays ».

Influence des maladies liées à la qualité de l’eau sur la scolarité des enfants

Les maladies liées à l’eau contaminée sont une cause importante  d’absentéisme scolaire. Selon l’ASED, en Afrique sur les 104 millions d’enfants absents des bancs d’école, 65 millions sont des filles.

Nous sommes toujours à Gbentchal. Il est presque 2h du matin. Laré  et son âne tirant la charrette contenant 15 bidons de 25 litres d’eau entrent dans la concession de ses parents. Nous l’aidons à décharger et à reverser l’eau qu’elle vient d’apporter du fleuve dans de grandes jarres installées dans un coin, à l’entrée de la cuisine.

Vue des jeunes du village autour du fleuve
 

Puis, sa mère lui dit d’aller se coucher. La jeune fille est épuisée par le trajet de 50km aller et retour entre sa maison et le fleuve Ôti. Demain c’est vendredi. Elle doit se réveiller tôt pour faire le ménage avant d’aller à l’école. Laré Esther ne proteste pas. C’est son quotidien. Demain elle puisera de cette eau dans un gobelet pour se débarbouiller, elle l’utilisera pour se doucher et sa mère l’utilisera pour leur préparer le déjeuner et le dîner. Sans aucun traitement. C’est comme ça à Gbentchal.

Avant d’aller se coucher, elle nous confie ses derniers propos: «Ce trajet la plupart du temps m’épuise et agit sur mes rendements scolaires. Étant donné que je ne passe la majorité de mon temps qu’à somnoler aux heures des cours.»

Et d’ajouter « Des fois juste pour chercher de l’eau, je suis de retour à la maison qu’à 2 heures du matin ou des fois à 3 heures du matin, comme aujourd’hui, vue la distance qui doit être parcourue pour atteindre le Fleuve Ôti. »

Des solutions alternatives

 Une  étude  systématique  réalisée  en 2005  a  conclu  que  les  épisodes  diarrhéiques sont   réduits   de   25 %   lorsque   l’on   améliore l’approvisionnement en eau, de 32 % lorsque l’on améliore l’assainissement, de 45 % lorsque les gens se lavent les mains et de 39 % par le traitement et la bonne conservation de l’eau à domicile.

Une revue de l’année  2006 par Cochrane des essais  contrôlés  randomisés  a  confirmé  le  rôle essentiel que les interventions relatives à la qualité de  l’eau  au  point  d’utilisation  pouvaient  jouer pour  réduire  les  épisodes  diarrhéiques,  faisant état d’une réduction de la morbidité par maladies diarrhéiques  de  près  de  la  moitié  en  moyenne, certaines  études  allant  jusqu’à  une  réduction  de  70   % ou plus.

 Les habitants de Gbentchal réclament que les autorités compétentes se tournent vers eux bien qu’au  ministère de la santé,  des projets sont en cours pour la gestion sanitaire de l’eau au Togo.

« Nous voulons développer un projet de sécurité sanitaire de l’eau à travers les plans de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau. A part ce projet l’Union Européenne (l’UE) a appuyé le Togo à travers l’accompagnement des forages privés qui vendent de l’eau. Il s’agit des projets comme  le projet de  réduction des risques environnementaux et sanitaires liés à l’activité des vendeurs d’eau de forage (PRESAF)  et le Projet de Professionnalisation des Opérateurs Privés Informels du Secteur de l’Eau et de l’Assainissement au Togo (POPIEAT) pilotés par l’agence d’Eau et d’Assainissement pour l’Afrique (EAA).», a confié  Kwoami DOVI, Chef  de division du contrôle et d’inspection sanitaire au Ministère de la Santé  et de l’Hygiène Publique du Togo (MSHP) à vert-togo.com

Vue du fleuve de l’Oti
 

Avant de souligner  « En matière  de contamination de l’eau, il y a deux éléments clés qui interviennent : l’approvisionnement en eau  et la sécurité sanitaire. Les risques sont nombreux. Les risques physico-chimiques dus aux substances physiques et chimiques et les risques biologiques liés aux pathogènes qui entraînent les maladies hydro fécales (fièvre typhoïde, gastro-entérite, le choléra, diarrhées rouges, les maladies liés à l’eau notamment les  schistosomiases, paludisme, etc…) »

Par ailleurs, d’après l’enquête MICS 2017, qui est une  enquête  auprès des ménages visant à fournir des renseignements à jour sur la situation des enfants et des femmes et à mesurer les indicateurs clés qui permettent aux pays de suivre les progrès vers les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), près de 80% des ménages consomment de l’eau contaminée au Togo.

Pour répondre  aux  risques  d’infection et de maladie lorsqu’il n’y a pas de services d’alimentation en eau, d’assainissement et d’hygiène, M. DOVI  indique qu’il faut une  réalisation des points d’eau dans chaque village reculé du Togo.

Ce  qui  relève du  Ministère de l’Eau, de l’Equipement Rural et de l’Hydraulique Villageoise (MEERHV), qui a  signé en mars 2019 avec le groupe chinois CTCE (China Tiesiju Civil Engineering group Co., Ltd), un mémorandum d’entente pour le financement de trois (3) projets concernant :  la réalisation du réseau d’assainissement collectif des eaux usées et des boues de vidanges de la ville de Lomé, le renforcement du système d’Alimentation en Eau Potable de la ville de Lomé à partir du Zio, la mise en place des systèmes d’Alimentation en Eau Potable des localités d’Adéta, Kougnohou, Afagnan, Kévé, Gléi et Langabou.

Des efforts déployés certes,  mais  qui peinent  toujours  à toucher toutes les  couches vulnérables du Togo comme le village de Gbentchal.

Kwoami DOVI, Chef de division du contrôle et d’inspection sanitaire au Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique du Togo ajoute qu’au  ministère de la santé et de l’hygiène Publique  (MSHP), c’est le plaidoyer qui se fait à travers le programme Togo SANDAL mis en œuvre dans la région des Savanes, région de la Kara et dans  cinq (5) districts des plateaux.

« Les villages qui mettent fin à la défécation à l’air libre sont priorisés en termes d’autres projets de développement comme l’Approvisionnement en Eau potable l’(AEP). Ce paquet d’activités de la stratégie dans ces zones est l’approche d’assainissement total piloté par la communauté (ATPC). Ce paquet sera complet dans les mêmes zones par l’initiative de la sécurité sanitaire de l’eau. »

Hector Nammangue et Steven Midjola

 

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